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Conférence « La psychiatrie face à l’incertitude. Peut-on prédire l’avenir ? »

07 Juin 16
Nicolas Bichot
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Un regard croisé entre sociologie, psychiatrie, psychologie avec Florent Champy (sociologue), Christophe Adam (psychologue et épistémologue) et Mathieu Lacambre (psychiatrie)

La psychiatrie peut-elle prédire l’avenir ? Posée ainsi, la question semble relever de la science-fiction. Pourtant elle traduit un ensemble d’évolutions récentes touchant les domaines d’intervention de la psychiatrie.

En effet depuis une vingtaine d’années, dans l’espace médiatique ou dans le domaine des politiques publiques, une exigence de prédiction est faite aux professionnels intervenant auprès de publics suscitant des inquiétudes en terme d’ordre public, comme sur la question du devenir délinquant des enfants (2005) ou sur le risque de passage à l’acte chez les malades mentaux (2010). C’est plus particulièrement dans le domaine des politiques pénales que cette question a pris de l’importance avec le développement continu des évaluations et des dispositifs visant à associer divers professionnels à la gestion des risques de récidive ou de dangerosité criminelle. La volonté de prédire la dangerosité, qui a été un des éléments constitutifs de la psychiatrie dès ses origines, s’est désormais étendue à un ensemble de professions et s’est imposée dans leurs pratiques.

Au delà des finalités discutées de ces missions, l’injonction à la prédiction soulèvent certains enjeux :

C’est tout d’abord la question de la responsabilisation des professionnels vis-à-vis des actes commis par les personnes prises en charges. Bien souvent des faits divers tragiques sont désignés comme les conséquences de mauvaises décisions prises par des soignants ou des travailleurs sociaux. Cette volonté politique du «risque zéro» repose sur le déni de la part d’incertitude et de fragilité inhérente à toute activité professionnelle. Mais le refus de l’incertitude ne peut-il pas conduire à refuser de prendre des décisions jugées risquées ?

Aux savoirs cliniques, désignés comme «trop subjectifs», se trouve souvent opposé le développement de modes de connaissances plus standardisées et quantifiables, et défendus, par certains, comme plus fiables. Mais le développement de ces outils ne risque-t-il pas de reléguer toute autre forme de connaissance (liées au contexte, à la particularité du cas ou à l’expérience professionnelle) au second plan dans les prises de décision ?

Le Mardi 7 Juin 2016 à 20h à l’hôpital Marchand.